lundi 22 octobre 2012

De la violence ordinaire

« Plus ça va et plus il est infernal, les fessées ne lui font rien, même les claques ne lui font plus peur » 

Triste brève de couloir, qui me rend d’autant plus triste qu’elle vient de toi, madame Bio. Toi qui nous racontes pourtant la violence de tes propres parents. Toi qui nous expliques que « de toutes façons avec ma mère quoi que je fasse ça tombait, alors j’ai vite appris à faire ce que je voulais à ce prix là… » Comment ton passé a-t-il fait pour ne pas t’apprendre que la violence ne résout rien ? Comment ton enfance ne t’a-t-elle pas fait réfléchir à l’efficacité de cette « méthode » d’éducation. Je ne peux pas m’effacer de l’esprit ces scènes de violence que tu nous décris si souvent, comme par exemple cette fois où, parce qu’il avait manqué de respect à un voisin quelques heures plus tôt, tu as demandé à ton fils de 6 ans d’enlever ses lunettes pour lui décoller un aller-retour qui t’a fait mal à la main ! Et que, summum de l’irrespect, ce petit effronté n’a même pas daigné pleurer… Moi l’abjecte sans cœur j’ai des larmes dans les yeux en écrivant ça. Ça parait tellement banal pour toi, tellement normal. Je n’ai certes pas la prétention de dire que jamais une gifle ne s’échappera de ma main sous le coup de la colère (Quoique… Et même si ça devait arriver, en aucun cas je ne pourrais m’en vanter comme tu le fais), mais de cette façon, froidement, et si décorrélé de la bêtise, c’est strictement impensable. La violence engendre la violence, toi la petite fille frappée quotidiennement par une mère irraisonnée, tu poursuis ce modèle et tu en es fière, comme si le fait d’avoir survécu à cette violence te donnait le droit de la reproduire… 

Dans ta brève de couloir je relis ton histoire qui se répète, c’est tellement dommage…
Et moi, lâche que je suis, je ne dis rien, je t’écoute sans broncher, sans avoir le cran d’essayer de te faire voir les choses différemment. C’est Lady Quiet qui reprend le dessus, je n’ose tout simplement pas. Je n’ose pas te parler d’éducation non-violente et d’écoute active, je n’ose pas te conseiller de lire Thomas Gordon ou Faber & Mazlish. Et j’ai tellement honte de ne pas oser…

Mais quand je vois que tant d’autres eux osent, osent t’encourager à continuer dans cette violence ordinaire « parce que sans ça tu vas te faire bouffer par tes mômes » je me dis qu’il y a définitivement quelque chose qui m’échappe dans la nature humaine…

vendredi 5 octobre 2012

Lady Quiet et Miss Nasty

Dans ma vie publique, je suis discrète, polie et souriante. Je suis d’accord avec tout le monde, je ne me fâche avec personne… Bref, dans ma vraie vie, on ne me voit pas. Ce n’est pas de la timidité (enfin pas que), c’est plutôt mon instinct de survie qui me dit « pour être heureux vivons caché » Alors moi je me cache en étant ce qu’on attend de moi, une collègue qui fait son taf (et parfois souvent celui des autres), une fille modèle (ou presque), une copine sympa mais pas indispensable… Je suis Lady Quiet, la discrète.
Mais dans ma tête je suis tout l’inverse, dans ma tête je suis sûre de moi, misanthrope, acerbe, et parfois même (si, si) de mauvaise foi. Dans ma tête, j’aime pas les gens. Attention, j’aime DES gens quand même (mon ours à moi que j’ai, mes deux zouavillots, quelques amis virtuels et réels…) mais j’aime pas LES gens. J’aime pas madame Michu qui regarde la télé comme si c’était Dieu qui lui livrait la Connaissance. J’aime pas les troupeaux qui braient bêtement à chaque fois que monsieur Ledu sort la même blague de cul. J’aime pas les foules idiotes qui ne s’insurgent que quand on leur dit de le faire. Et puis j’aime pas la société non plus, enfin notre société occidentale. Dans ma tête, je suis Miss Nasty.

Assez souvent j’ai envie de tout claquer et d’embarquer ma petite famille au fin fond de la Papouasie (ah si seulement je n’avais pas peur des araignées !). Mais bien sûr je ne peux pas, alors je fais un sourire de façade à la blague de monsieur Ledu, je m’apitoie avec madame Michu sur notre pov’ monde qui va mal ma brave dame et que c’était mieux aaaavant, et je ronge mon frein. Je bous à l’intérieur, et plus ça va plus je bous, alors je me suis dit qu’il fallait que je trouve une soupape sinon j’allais bientôt finir par exploser. Et cette soupape je pense que je l’ai trouvée, ici.

Ici je vais donc me livrer, à vous mais surtout à moi, je vais me livrer brut de décoffrage, sans pincettes ni mauvaise conscience, sans détour ni politiquement correct. Je vais vous servir tout ce que depuis des années je dissimule dans les recoins plus ou moins sombres de ma tête. Bienvenue chez Lady Quiet & Miss Nasty !